produits d'entretien
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Produits d’entretien : conventionnels, écolabellisés, d’antan ; Quelles différences ? Quelle efficacité ?

  1. Impacts sanitaires des produits d’entretien
  2. Différence(s) entre désinfectant et détergent
  3. Eau de javel : pour quels usages?
  4. Vinaigre blanc : est-il un désinfectant ?
  5. Alternatives aux produits d’entretien conventionnels
  6. Efficacité des produits alternatifs
  7. Impacts sur la qualité de l’air intérieur
  8. En conclusion, que choisir?

 

Résumé

Les produits d’entretien éco-labellisés présentent une alternative intéressante, plus respectueuse de l’environnement et de la santé de l’utilisateur, mais ils ne sont pas la réponse absolue. Le tableau, présenté ci-après, résume les avantages et inconvénients de chaque type de produits.

Produits d’entretien conventionnels
AVANTAGES INCONVÉNIENTS
odeur ; mousse ; fait briller les surfaces  (facteurs subjectifs  d’efficacité) Emissions  + ou – importantes de COV
Efficace avec une faible action mécanique  Présence de substances irritantes, sensibilisantes, voire CMR…Promotion d’une désinfection quasi-systématique
Coût (marques distributeurs)  Coût  (marques connues)

 

Produits d’entretien éco-labellisés
AVANTAGES INCONVÉNIENTS
Plus respectueux de l’environnement (phosphate, biodégradabilité…) Emissions  + ou – importantes de COV
Substances CMR, sensibilisantes et irritantes interdites (tolérées si les concentrations sont ≤ 0,01% en poids du produit final) Promotion excessive des huiles essentielles
Coût  (à condition de respecter scrupuleusement les doses) Coût  (si les dosages ne sont pas respectés)

Néanmoins tous les produits d’entretien conventionnels ne sont pas à incriminer.

Certains émettent autant de composés organiques volatils (COV) que leurs confrères éco-labellisés. D’autres ont le très net avantage d’être hyper efficace (surpuissant).  On peut quand même se poser la question : Est-ce vraiment nécessaire d’avoir des produits, à la limite corrosifs, pour ne plus avoir à frotter ? La question est légitime, dans le cadre professionnel.

Par contre, les produits d’entretien éco-labellisés sont plus onéreux au litre. Pour qu’ils deviennent avantageux en termes de coût, il est impératif de respecter les doses.

Enfin quelque soit le type de produits choisis, l’efficacité dépendra avant tout de la nature des salissures à éliminer et si elles sont incrustées ou peu tenaces (produits à pH acide contre le tartre et pH basique pour dégraisser).

 

Impacts sanitaires des produits d’entretien 

L’INRS rapporte l’incidence croissante et significative d’affections respiratoires et cutanées chez les agents d’entretien, en contact quotidien avec ces produits. En ce qui concerne les cas d’asthme professionnel, l’ONAP (Observatoire National des Asthmes Professionnels) indique que les agents d’entretien sont désormais la profession la plus touchée par ces affections [12 ; 14]. Bien qu’ils soient les premiers concernés, du fait d’une exposition quotidienne et sur du long terme, les produits d’entretien ne sont pas réservés à une seule utilisation professionnelle, ils concernent l’ensemble de la population, que ce soit par contact direct (utilisation et manipulation des produits) ou indirect (dégradation de l’air intérieur).

Pictogrammes de danger
Pictogrammes de danger

De plus, la grande majorité, si ce n’est la totalité des produits d’entretien commercialisés en grande surface, comportent des pictogrammes de dangers (règlement (CE) n° 1272/2008 du Parlement Européen).

Les pictogrammes permettent de visualiser en un clin d’œil, les caractères: irritant, sensibilisant, toxique, très toxique, corrosif, cancérogène, mutagène, reprotoxique, comburant, inflammable, etc. soit au final 15 catégories de dangers.

Un produit peut avoir plusieurs pictogrammes.

 

 

Quelle(s) différence(s) entre un détergent et un désinfectant?

L’emploi de détergents a pour objectif d’éliminer les salissures (nettoyage). Le détergent est composé, entre-autres, d’un agent tensio-actif ou agent de surface, qui permet de fixer et enlever les salissures.

Alors que l’utilisation d’un désinfectant a pour but d’éliminer la flore microbienne (action contre les bactéries et/ou virus et/ou moisissures- spores fongiques). La désinfection n’est efficace que sur une surface propre, nettoyée au préalable, en tenant compte également du temps de contact entre la surface à désinfecter et le désinfectant. Elle doit être réservée à des zones bien définies  et/ou des situations bien précises.

 

Eau de Javel : pour quels usages ?

L’eau de javel (hypochlorite de sodium) est avant tout un désinfectant. Elle a une activité de biocide.

L’utiliser en routine pour nettoyer son logement n’a pas lieu d’être, car ce n’est pas un détergent. Pourtant  elle est encore largement utilisée quotidiennement.  Mais à quelles fins ?

A-t-on besoin de désinfecter son logement ?

De plus l’eau de javel à d’autres inconvénients :

  • Elle est irritante pour les mains et pour les voies respiratoires (envie de tousser). Pour les personnes qui y sont sensibles, il convient de ne plus l’utiliser.
  • Elle est encore responsable de nombreux accidents domestiques, d’enfants qui ingèrent de l’eau de javel, contenue dans des bouteilles en plastique.
  • Enfin elle est accusée, à raison, de blanchir les moisissures sans forcément les détruire.

Pour éliminer des moisissures, un détergent, comme du liquide vaisselle incolore suffit. L’action du détergent combinée à l’action mécanique, va “accrocher” les moisissures. Attention, frottez toujours avec une éponge humide afin d’éviter la dispersion des spores fongiques, qui pourraient coloniser de nouvelles surfaces.

Mais le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) a publié un guide pour éliminer les moisissures en toute sécurité, dans lequel on retrouve… l’eau de javel !

 

Le vinaigre blanc est-il un désinfectant ?

Le vinaigre blanc est constitué d’acide acétique à hauteur de 5 à 8% et d’eau. L’acide acétique possède des propriétés bactéricides et même fongicide. Ces propriétés ont été testées sur diverses souches bactériennes, comme Escherichia coli par exemple. Les essais ont montré un excellent effet bactéricide, même lorsqu’il est testé à une concentration de 3% [20].

Cependant l’acide acétique n’est pas un fongicide à proprement parler. L’acide acétique n’endommage pas les cellules fongiques, il ne permet pas d’éliminer la moisissure. Néanmoins il inhibe sa croissance [15 ; 21].

 

Alternatives aux produits d’entretien conventionnels

  1. Les produits éco-labellisés

Parmi les labels facilement identifiables et présents sur de nombreux produits de grande consommation; les labels : NF environnement ; UE Ecolabel ; Ecocert  et Nature & Progrès, intègrent les produits d’entretien. Ce n’est pas le cas par exemple des labels l’Ange Bleu ou du Cygne Blanc.

 

Attention au Green washing

Sur les produits d’entretien à destination des particuliers, se développent une multitude d’annotations, de commentaires, et parfois même de logos, suggérant que le produit serait plus respectueux de la santé et de l’environnement. Par exemple les termes « nettoyant écologique »  ou « nettoyant vert » fleurissent sur les emballages.  Cependant en l’absence d’un des labels cités précédemment, il ne s’agit que d’un argument de vente.

GreenwashingLe logo “Sustainable Cleaning” est un bon exemple. Ce logo est à l’initiative de l’AISE, l’association internationale des producteurs de détergents et de savons, qui a établi une charte de bonnes pratiques que les producteurs s’engagent à respecter. Basé sur de l’auto-déclaration, il n’y a aucun contrôle assuré par un organisme indépendant, ne permettant pas d’assurer que les produits sont en quelques points plus respectueux de la santé de l’utilisateur et de l’environnement. Ce n’est pas une certification officielle.

 

2. Les produits d’antan

Ou “recettes de grand-mères”, sous cette dénomination, on retrouve des produits du quotidien, tels que le vinaigre blanc (détartrant), le savon noir, savon de Marseille (dégraissant), le bicarbonate de soude (assouplissant), l’huile d’olive et le citron pour nourrir le bois…

 

3. Les produits multi-usages

Ce sont des produits possédant un pH neutre, adaptés pour toutes les surfaces et sols. Avant même de savoir s’ils sont efficaces, ils sont intéressants dans la mesure où le nombre de produits dans le logement est réduit et permet de faire des économies .

 

Efficacité des produits 

Quelque soit le produit utilisé, pour une efficacité optimale, il faut avoir en tête le cercle de Sinner ou les grands principes pour un “nettoyage parfait”. Le cercle de Sinner est la combinaison de 4 facteurs interdépendants:

cercle Sinner

Les industriels cherchent à s’affranchir de ces contraintes, en proposant des produits « hyper puissants », où l’action mécanique et le temps de pose deviennent inutiles. Plus besoin de frotter, ni d’attendre pour décaper.

Ensuite il faut aussi se détacher de l’idée « que le propre sent bon », le propre ne sent rien, en dépit du matraquage publicitaire.

Enfin ce n’est pas parce qu’un produit ne mousse pas, ne fait pas briller les surfaces et ne sent rien, qu’il est inefficace. Encore une fois une idée préconçue d’un marketing, qui lui, est sans conteste très efficace.

 

1. Produits écolabellisés

Seuls les cahiers des charges des labels NF Environnement et l’Ecolabel Européen, exigent que le produit soit aussi efficace ou plus efficace qu’un produit de grande marque reconnue. Concernant les labels Ecocert et Nature & Progrès, des tests d’efficacité sont spécifiés uniquement pour leur gamme de désinfectants. Cependant pour ce dernier, aucune norme n’est spécifiée et il ne semble pas s’adresser aux professionnels, alors que pour Ecocert, ses produits répondent aux recommandations HACCP [a] en restauration collective.

[a] Hazard Analysis Critical Control Point, il s’agit d’une méthode de maîtrise des risques sanitaires liés aux denrées alimentaires en restauration collective

 

2. Produits d’antan

Les tests ont été menés par 60 Millions de Consommateurs [1]. Certaines « recettes »  s’avèrent très efficaces, comme la terre de Sommières, pour éliminer les tâches d’huile d’olive et graisse à frire, et d’autres très décevantes, par exemple une lessive avec du savon de Marseille et du bicarbonate de soude ne permet pas d’éliminer complètement les tâches incrustées.

Surtout ces recettes font échos aux nettoyants multi-usages. Leur efficacité dépend des tâches à éliminer. Dès lors que les salissures sont peu tenaces, les recettes d’antan sont intéressantes de par leur coût et leur faible impact environnemental.  C’est par exemple le cas du vinaigre blanc, qui possède des propriétés détartrantes, mais si les toilettes ou la douche sont incrustés de calcaire, il sera forcément moins efficace que les « super-détartrants ».

 

3. Produits multi-usages

Ils peuvent être de bons compromis pour limiter la quantité de produits ménagers et ainsi limiter les coûts, à condition de réaliser un nettoyage quotidien, pour éviter l’encrassement tenace. En effet, de pH neutre, ils présentent des limites si on cherche à récurer. Ils n’ont pas un pH suffisamment basique pour dégraisser, ni un pH suffisamment acide pour détartrer [23].

 

4. Produits conventionnels

De manière générale, et au-delà de quelques exceptions rapportées par le dossier de 60 Millions de Consommateurs [2], les produits s’affichant comme des « surpuissants »  sont effectivement plus efficaces, dans le sens où ils décapent et/ou récurent sans que l’usager n’est à faire preuve de force pour nettoyer (en respectant les conditions d’utilisation, et notamment le temps de pose). Certains sont même tellement décapants, qu’ils sont corrosifs.

 

Impacts sur la qualité de l’air intérieur

En résumé les principales substances détectées et quantifiées sont :

Substances chimiques Effets sur la santé Source(s)/usage(s) Biblio
formaldéhyde (famille des aldéhydes) irritant des voies naso-pharyngées et classé cancérigène avéré (groupe 1) initialement présent dans le produit (biocide, conservateur) ou émis en tant que composé secondaire (réaction entre l’ozone et le d-limonène pour former du formaldéhyde) [7]
Huiles essentielles d-limonène (et autres terpènes) possibles effets irritants et allergisants huiles essentielles ajoutées pour un parfum “naturel” [11 ; 8]
éthers de glycol 11 éthers de glycol sont classés toxiques pour la reproduction ils permettent la solubilisation de produits organiques dans des matrices aqueuses (miscibilité d’un corps hydrophobe avec un corps hydrophile) [6 ; 13]
COV totaux classe de composés chimiques  très divers, certains sont préoccupants pour la santé et d’autres non. Il s’agit d’un indicateur pour connaitre l’émissivité d’un produit ou d’un matériau volatilisation [3 ; 16 ;17 ;18 ; 23]

 

En conclusion, que choisir?

Les dossiers et articles pris en compte, ont surtout permis de mettre en évidence la méconnaissance et les mésusages des utilisateurs, dans le choix et l’utilisation des produits d’entretien. L’eau de javel par exemple, est totalement inefficace contre le tartre, et l’employer comme détergent pour enlever les salissures est inutile. L’eau de Javel n’est pas un détergent mais un désinfectant, qui doit être appliquée sur des surfaces préalablement nettoyées pour être efficace.

Alors concrètement, si vous êtes du genre à nettoyer régulièrement, voire quotidiennement votre logement, ne laissant pas le temps aux tâches de s’incruster, vous pouvez entretenir votre logement avec un minimum de produits, type multi-usages par exemple, ou que de l’eau et du savon.

Par contre si vous êtes du genre à faire seulement « le grand ménage de printemps », dans ce cas là, soit vous devrez frotter un peu plus fort, tout en respectant le temps de pose pour que le produit agisse, soit vous vous tournez vers des produits surpuissants.

Le choix est vôtre !!

Les produits d’entretien labellisés présentent toutefois des avantages tant d’un point de vue environnemental (absence de phosphate, tensio-actifs biodégradables…), que sanitaire (exclusion de certaines substances chimiques problématiques, restriction pour d’autres, émissions de COV limitées). Mais la présence quasi systématique d’huiles essentielles entraîne, malgré tout, une dégradation de la qualité de l’air intérieur!

Afin d’utiliser un produit en toute sécurité, il faut d’abord regarder le pictogramme de danger et lire les précautions d’usage au dos du produit, que ce soit un produit d’entretien conventionnel ou éco-labellisé.

Aérer pendant et/ou après le ménage permet également d’évacuer le surplus de pollution chimique.

 

Bibliographie

[1] 60 Millions de Consommateurs, Entretien de la maison : que valent les produits d’antan, n°490, 2014

[2] 60 Millions de Consommateurs, Bien choisir son nettoyant cuisine sans nuire à l’environnement, n°428, 2008

[3] ADEME, Ecol’Air, 2011

[4] ANSES, Colloque des 10 & 11 décembre 2013, à la maison de la RATP (Paris 12), Substances chimiques en mélange : challenges pour la recherche et l’évaluation des risques sanitaires

[5] ANSES, CSTB, OQAI, Etude exploratoire du coût socio-économique des polluants de l’air intérieur. 2014

[6] Blandin MC, Risques chimiques au quotidien : éthers de glycol et polluants de l’air intérieur. Quelle expertise pour notre santé ? Conclusions du rapporteur (tome 1), rapport n°176 (2007-2008), fait au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques

[7] Chiappini L, Rossignol S, Rio C, Ustache A, Fable S, Nicolle J et Nicolas M. Formation d’aérosols organiques secondaires en air intérieur : le rôle des produits ménagers. Pollution Atmosphérique, 2012, n° 213-214 : 99-106

[8] INERIS,  Données disponibles relatives aux émissions des produits de consommation courante dans l’environnement intérieur, N°DRC-09-104121-01494B, 2009

[9] INERIS, Rapport préliminaire en vue de l’étiquetage des produits de grande consommation, Classement en fonction des expositions dans l’air intérieur, N°DRC 10-109458-04047B, 2011

[10] INERIS, CSTB, Etude ADOQ – Activités DOmestiques et Qualité de l’air intérieur : émissions, réactivités et produits secondaires (projet mené dans le cadre du programme PRIMEQUAL), 2013

[11] INRS, Fiche Toxicologie du Dipentène ou d,l-limonène, FT 227, 2010.

[12] INRS, Affections respiratoires professionnelles chez les personnels de nettoyage, fiche INRS TR 52, 2011

[13] INRS, Les éthers de glycol, Fiche solvants, ED 4222, 2011

[14] INRS, Dermatite de contact d’origine professionnelles: conduite à tenir, fiche INRS TA 93, 2013

[15] Kang HC, Park YH, Go SJ, Growth inhibition of a phytopathogenic fungus, Colletotrichum species by acetic acid, Microbiological Research, 2003, 158:321-326

[16] MEDDE, Dossier de presse – Mesures pour améliorer la qualité de l’air intérieur, 2012

[17] MEDDE, Construire Sain, 2013

[18] Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur, Bulletin de l’OQAI N°4, 2012

[19] Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur, Bulletin de l’OQAI N°5, 2013

[20] Ryssel H, Kloeters O, Germann G, Schäfer T. The antimicrobial effect of acetic acid- an alternative to common local antiseptics, Burns, 2009, 35 : 695-700

[21] Stratford M, Plumridge A, Nebe-von-Caron G, Archer DB, Inhibition of spoilage mould conidia by acetic acid and sorbic acid involves different modes of action, requiring modification of the classical weak-acid theory, International Journal of Food Microbiology, 2009, 136: 3-43

[22] UFC que Choisir, Comparatif Nettoyants pour salle de bain, 2007

[23] UFC Que Choisir, Nettoyants multi-usages – Un air pas brillant, 2009