masque et pollution atmosphérique
Pollutions environnementales

Quels masques pour se protéger de la pollution atmosphérique ?

Il est de plus en plus fréquent de voir des cyclistes porter des masques, pour se protéger de la pollution atmosphérique.

Est-ce efficace? Retour sur les différents masques existants et leurs usages.

1. Le masque chirurgical

masque chirurgical

Pour les professionnels médicaux (ex : dentiste ou chirurgien), afin d’éviter que des gouttelettes (postillons) n’atteignent le patient.

Pour les personnes malades et contagieuses (ex: grippe), afin d’éviter la projection  de secrétions et in fine la contamination d’autres personnes.

Ce type de masque est totalement inutile face à la pollution atmosphérique

2. Le masque filtrant

masque filtrantDemi-masque filtrant anti-aérosols (NF EN 149) pour protéger les voies respiratoires des individus :

Classe FFP 3 : arrêtent au moins 99% de ces aérosols*

Classe FFP 2 : arrêtent au moins 94% de ces aérosols*

Classe FFP 1 : arrêtent au moins 80% de ces aérosols*

*Vis-à-vis d’un aérosol de chlorure de sodium composé de particules dont le diamètre médian en masse de 0,6µm et vis-à-vis d’un aérosol d’huile de paraffine dont le diamètre médian de Stockes est de 0,4µm dans des conditions d’essai normalisé [1].

Masques à usage unique, il convient donc de les changer quotidiennement…

En théorie, ils peuvent arrêter les PM10 et les PM2,5 ; mais ils laissent passer les particules fines (0,2 à 1µm) et ultrafines (<0,1µm soit 100nm). Or ce sont les particules les plus préoccupants car elles pénètrent profondément dans les poumons (jusqu’aux alvéoles) et elles sont capables de passer dans le sang,  pouvant ainsi atteindre tous les organes. En plus ces particules fines peuvent transporter des composés allergisants, irritants, cancérigènes; initiant ou exacerbant l’asthme et les maladies cardiovasculaires.

Cependant aucune étude n’a été réalisée en conditions réelles pour juger de l’efficacité de ces masques filtrants. De plus, leur usage ne fait pas l’unanimité auprès des professionnels de santé. Sur la toile on trouve un praticien favorable à l’utilisation d’un masque type FFP3, le Dr Jean-Luc Saladin,  médecin généraliste au Havre,

“Enfin, pour ceux qui le souhaitent, ils peuvent comme moi investir dans un masque filtrant professionnel (norme FFP3). Confortable, il protège des particules polluantes mais pas des gaz et notamment des nitreuses qui relèvent d’une question plus globale de santé publique.”

Et ceux qui pensent que ça ne sert strictement à rien, comme le Pr Denis Charpin, chef du service de pneumologie au CHU de Marseille,

“On voit par ailleurs certaines personnes porter des masques, mais cette protection est illusoire, car les particules fines les traversent. Seuls les masques à cartouches sont efficaces, mais on imagine mal les porter au quotidien!”

et le Dr Nhân Pham-Thi, pneumo-allergo-pédiatre, à l’Hôpital Necker,

“Ceux qui pensent se protéger avec un petit masque en papier, comme l’on voit souvent sur les photos des résidents chinois exposés à des taux de pollution record, ne ménagent que leur conscience.”

Même son de cloche du côté de provelo.org

Cependant, “il ne faut pas se leurrer, leur action est toute relative”, déclarait, en 2003, celle qui était alors responsable du congrès Velo-city, Isabelle Lesens. Aucune étude digne de ce nom n’a encore prouvé l’efficacité de ces masques contre l’absorption des particules fines et ultra-fines, le problème numéro un en matière de santé. Même les masques portés par les cyclistes de l’équipe olympique américaine lors des J.O. de Pékin en 2008 n’ont pas prouvé leur efficacité concernant une diminution de l’absorption de particules ultra-fines. “En vérité”, confiait Gilles Faravel de chez Res-pro le masque antipollution “protège plus des odeurs que des microparticules de diesel”.

Outre cette inefficacité face aux particules les plus dangereuses, le port de ce masque occasionne une gène respiratoire. L’usager doit respirer plus profondément et absorbe davantage de particules…

3. Le masque anti-gaz

masque gaz 1masque gaz 2Totalement étanche, l’air passe via des cartouches, qui vont adsorber de nombreux polluants (les cartouches varient selon les composés chimiques à retenir) [1]. Il existe deux formats, soit en demi-masque soit en masque complet.

Ce type de masque est efficace pour ne pas respirer les gaz émis par les véhicules motorisés (benzène,  formaldéhyde, HAP…), mais totalement insupportable, surtout s’il est porté lors d’un effort.

Sources:

[1] INRS, Les appareils de protection respiratoire, Choix et utilisation, 2011

[2] Interview du Dr Jean-Luc Saladin, médecin généraliste au Havre, pour le Blog Velib, 15 mars 2014

[3] Interview du Pr Denis Charpin, chef du service de pneumologie au CHU de Marseille, pour Lefigaro, 13 juin 2012

[4] Interview du Dr Nhân Pham-Thi, pneumo-allergo-pédiatre à l’hôpital Necker de Paris, 14 mars 2014