téléphone portable, première source d'exposition aux ondes életromagnétiques
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Ondes électromagnétiques : quelle est la première source d’exposition?

La première source d’exposition aux ondes électromagnétiques est…

…le téléphone portable et de loin!

Pourtant ce sont les lignes à haute tension et les antennes relais, qui cristallisent toutes les peurs et hostilités.

Saviez-vous qu’en 2010, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) avait rendu son avis, concernant les potentiels effets cancérigènes des champs électromagnétiques des radiofréquences (téléphonie mobile, Wifi…)? D’après vous, sont-ils classés : cancérigènes possibles (groupe 2B), probables (groupe 2A), avérés (groupe 1) ou inclassables (groupe 3)?

Après 10 années de recherche (1999-2009) impliquant 13 pays, l’étude Interphone a permis de classer les ondes électromagnétiques des radiofréquences comme “cancérigènes possibles”, autrement dit “peuvent-être cancérigènes”.

Toutefois le CIRC incite à la prudence, car même si ces résultats sont consolidés et d’envergure internationale, ils ne reflètent déjà plus la réalité. Au cours de cette décennie, qu’a durée l’étude Interphone, nous sommes passés du balbutiement de la téléphonie mobile à son explosion, du edge à la 4G, des câbles ethernet au tout wifi. C’est là tout le paradoxe de la recherche, avoir besoin d’une expertise scientifique objective “rapidement” pour protéger les populations, alors que toutes études nécessitent de longues années avant d’aboutir.

A noter que depuis le 1er janvier 2014, il est d’ailleurs possible de demander, gratuitement, la mesure de son niveau d’exposition aux ondes électromagnétiques, que ce soit à domicile ou dans un lieu public. Pour savoir comment en bénéficier ? La démarche est détaillée en fin d’article.

Quant aux champs d’extrême basse fréquence (les lignes à haute tension), ils ont été classés par le CIRC 2B également (cancérigènes possibles) dès 2002. Cette classification a été revue et maintenue en 2007. Au niveau national, l’Anses a été saisie en 2008, à la demande des ministères en charge de la santé, de l’environnement et du travail afin de conduire sa propre expertise:

“En ce qui concerne de possibles effets à long terme, il existe une forte convergence entre les différentes évaluations des expertises internationales (organisations, groupes d’experts ou groupes de recherche), qui se maintient dans le temps. Une association statistique entre l’exposition aux champs magnétiques extrêmement basse fréquence et leucémie infantile a été observée par différentes études épidémiologiques. Ces études montrent même une bonne cohérence entre elles (…) Toutefois, à ce jour, les études qui ont été conduites pour déterminer un mécanisme biologique de cet effet n’ont pas été concluantes. Elles ont porté notamment sur des animaux et sur des systèmes cellulaires humains in vitro (…).”

Autrement dit, au niveau de la population (ce sont les études épidémiologiques) on observe une augmentation significative de cas de leucémies infantiles à proximité des champs d’extrême basse fréquence (lignes à haute tension), mais lorsqu’on soumet des cellules humaines ou des animaux aux mêmes expositions (ce sont les études toxicologiques en laboratoire), on n’est pas capable d’observer les mécanismes aboutissant à une leucémie. Outre les biais liés aux études épidémiologiques et toxicologiques, des facteurs de confusion, entre autres, peuvent entrer en jeu.

Conseil n°1 : pour limiter son exposition aux ondes électromagnétiques, sachez que l’intensité diminue de la distance au carré.

Autrement dit, si vous vous placez à 2 mètres de toutes sources électriques : téléviseur, téléphone portable (quand vous dormez), box internet… l’intensité du champ électromagnétique sera divisée par 22, soit une intensité divisée par 4. Pensez-y pour le babyphone.

Pour aller plus loin

Qu’est-ce qu’une onde et un champ électromagnétique ?

Les ondes électromagnétiques peuvent être “naturelles” 😉 En tous cas elles font partie de notre quotidien, certaines depuis la nuit des temps : les rayons cosmiques et les rayons ultraviolets (UV), d’autres ont révolutionné la médecine: les rayons X pour les radiographies, les IRM.

Une onde électromagnétique est la combinaison d’une onde électrique et d’une onde magnétique. Elle est définie par sa longueur d’onde (λ, nm) ou sa fréquence (hertz, Hz).

Un champ électromagnétique est l’addition d’un champ électrique à un champ magnétique. Par exemple une lampe émet un champ électromagnétique. Ainsi être assis(e) à côté d’une lampe, vous expose à son champ électromagnétique.

Dès que la lampe est branchée, et même si elle est éteinte, elle est sous tension. Elle est traversée d’un champ électrique (volt, V). Une fois allumée, le “courant passe”, c’est à dire qu’un champ magnétique la traverse (ampère, A).

Pour tous champs électromagnétiques, plus on s’éloigne de la source et plus notre exposition diminue. La puissance du champ électromagnétique décroit avec la distance.

L’usage du téléphone portable au milieu de “nulle part”

En pleine nature, avec à l’horizon ni ligne à haute tension, ni maison, ni immeuble, votre exposition sera quasi nulle. Par contre dès lors que vous utiliserez votre portable, vous serez “massivement” exposé(e), car pour capter un signal ce dernier devra pousser sa puissance au maximum.

En ville, votre exposition est plus régulière avec toutes les antennes relais, mais dès que vous utiliserez votre smartphone, vous ne serez pas “sur-exposé(e)”, car la réception sera bonne.

CQFD

Effets des ondes électromagnétiques sur la santé

Les ondes ont soit un effet ionisant, c’est à dire radioactif, ce sont par exemple les UV et les rayons X, soit un effet thermique, elles génèrent de la chaleur.

Spectre des ondes électromagnétiques
fig 1: INRS
Effets ionisants

Les rayons ionisants modifient les constituants de la cellule, exposé(e) au long terme, il y a un excès de risque de cancer. C’est pourquoi il ne faut pas “s’oublier” au soleil sans protection par exemple !

Effets thermiques

L’absorption d’ondes provoque un échauffement des tissus, pouvant aboutir à la mort des cellules exposées (effet micro-onde). Ils sont mesurés en watt par kilogramme (W/kg). Les effets thermiques sont pris en compte dans le DAS des smartphones, aka débit d’absorption spécifique. La loi fixe le DAS à 2 W/kg max pour la tête (décret n°2002-775 du 3 mai 2002).

L’étude Interphone

Elle visait à déterminer si l’utilisation de téléphones mobiles pouvait accroître le risque de cancer et si les champs électromagnétiques, en l’occurrence les radiofréquences, émis par les téléphones mobiles étaient cancérogènes. L’implication de 13 pays différents, avait pour objectif d’apporter des résultats objectifs (en dépit des biais intrinsèques aux études scientifiques), non influencés par les lobbying.

Elle a été coordonnée par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) et a été initiée en 1999. Elle rassemble une série d’études cas-témoins réalisées avec un protocole commun par 13 pays : Allemagne, Australie, Canada, Danemark, Finlande, France, Israël, Japon, Norvège, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni et Suède. Environ 2 600 cas de gliomes, 2 300 cas de méningiomes, 1 100 cas de neurinomes de l’acoustique, 400 cas de tumeurs de la glande parotide ont été investigués.

Les études cas-témoins s’attachent à comparer les expositions du groupe “malades” (atteint d’un des cancers au niveau du cerveau) du groupe “non-malades”, afin de déceler des facteurs qui pourraient expliquer la survenue d’un cancer. Mais ces données ont été collectées à une période où l’utilisation du téléphone portable était moins intense qu’aujourd’hui. Le CIRC en a donc conclu que, malgré des premiers résultats utiles pour appréhender le risque, il fallait maintenir l’effort de recherche et d’expertise dans ce domaine sur les plans national et international.

Signification de la classification du CIRC “2B = cancérigène possible”

Les radiofréquences sont classées 2B, ce qui signifie d’après l’OMS

Groupe 2B : l’agent est peut-être cancérogène pour l’homme

Les indications limitées de cancérogénicité chez l’homme et les indications insuffisantes de cancérogénicité chez l’animal ont conclu à un risque possible.

Ces deux termes “limitées” et “insuffisantes” ont également une signification bien précise:

  • « Indications de cancérogénicité limitées chez l’homme» (études épidémiologiques)

Le groupe de travail estime qu’une interprétation causale est crédible, mais il n’a pas été possible d’exclure avec suffisamment de certitude que le hasard, des biais, ou des facteurs de confusion  aient pu jouer un rôle.

  • « Indications de cancérogénicité insuffisantes chez l’animal» (études toxicologiques)

Les études disponibles ne sont pas d’une qualité, d’une concordance ou d’une puissance statistique suffisante pour permettre de conclure à l’existence ou non d’une relation de cause à effet entre l’exposition et le cancer.

Pourtant le climat récurrent de défiance envers les institutions publiques, l’influence des médias et des associations militantes, ainsi que l’adoption du principe d’attention, participent à brouiller le message et apporte une suspicion insidieuse.

Faire mesurer gratuitement son exposition aux ondes électromagnétiques en métropole

Depuis le 1er janvier 2014, toute personne peut demander l’évaluation de son exposition aux ondes électromagnétiques, que ce soit dans ses locaux d’habitation ou dans des lieux publics (parc, gare…)

Quelle est la démarche à suivre ?

La personne qui souhaite bénéficier de ce service, télécharge et remplit le formulaire de demande, sur le site: www.service-public.fr. —La demande doit impérativement être signée, par un organisme habilité par le décret n° 2013-1162 du 14 décembre 2013, c’est-à-dire une collectivité locale (commune, groupement de communes…), une agence régionale de santé, une association agréée de protection de l’environnement ou une fédération d’associations familiales… La demande est ensuite transférée à l’ANFR, l’Agence Nationale des Fréquences, qui dépêche un laboratoire accrédité et indépendant pour réaliser la mesure.

Les mesures sont gratuites pour le demandeur. Elles sont financées par un fond public indépendant alimenté par la contribution des opérateurs (taxe additionnelle à l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseau applicable aux stations radioélectriques, créée par la loi de finances de 2011).

Pour info, le bilan des mesures réalisées en 2014 a été publié par le Ministère de l’Ecologie du Développement Durable et de l’Energie sous forme d’infographie.

Bibliographie:

Anses, Champs électromagnétiques extrêmement basses fréquences, Effets sanitaires et travaux de l’Anses, mis à jour le 16/04/2013

CIRC – Centre International de Recherche sur le Cancer, Communiqué de presse n°208, du 31 mai 2011

Fite J, Doré JF, Hours M, Merckel O, Radiofréquences et Santé, Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement, 2015, 76: 284-290

OMS, Champs électromagnétiques et santé publique – Exposition aux champs de fréquence extrêmement basse, Aide-mémoire N°322, juin 2007