jus de citron detox
Santé Environnement

Comment l’organisme réalise sa détox ?

Après les excès des fêtes et les bonnes résolutions de la nouvelle année, la mode est à la cure détox.

De la tisane aux compléments alimentaires, en passant par le jeûne ou la traditionnelle soupe au chou (on parlera même de “souping” pour être plus tendance), la détox est une recette à base de beaucoup d’intox et d’un soupçon de marketing.

Il est vrai que l’excès de sucre, de gras et d’alcool ne sont pas les meilleurs alliés du foie. Mais logiquement à la fin des périodes festives,  l’écœurement nous pousse naturellement à suivre un régime alimentaire automatiquement plus sain, tourné vers davantage de légumes. D’ailleurs, sans vraiment y penser, on fait tous de très nombreuses cures de détox tout au long de l’année.

Quant au jeûne, surtout le jeûne bref d’une demi journée à une journée, il présente comme seul intérêt de retrouver la sensation de faim. Et concernant le jeûne thérapeutique, qui a une certaine popularité auprès de pseudo-spécialistes, l’Institut National du Cancer a édité une fiche repère “Jeûne, régimes restrictifs et cancer”.

Que faire alors pour aider son organisme ?

Mettre en oeuvre des gestes simples, connus et reconnus, mais qui sont hélas peu vendeurs :

► Pour préserver spécifiquement son foie, limitez la consommation d’alcool et de médicaments (hors maladies chroniques, où les bénéfices du traitement supplantent les risques).

► Privilégiez une alimentation VARIÉE et équilibrée. Diversifiez au maximum votre assiette, d’une part, parce que l’aliment parfait n’existe pas, la notion de super-aliment est également un concept marketing et, d’autre part, pour pouvoir bénéficier de tous les nutriments disponibles dans chaque aliment (oligoéléments, vitamines, minéraux, fibres, protéines, etc.).

► Consommez suffisamment d’eau, vos reins en profiteront également, et limitez au maximum les boissons sucrées, en particulier chez les enfants, dorénavant victimes du NASH.

NASH pour Non Alcoolic SteatoHepatitis ou en français StéatoHépatite Non-Alcoolique. Elle est plus communément appelée « maladie du foie gras » ou encore « cirrhose sucrée ».

Cette maladie, qui rend le foie malade, est lié à un sucre : le fructose. Celui-même qui est présent dans les fruits. Aurait-on explosé les recommandations de 5 fruits & légumes par jour pour en arriver là ? Evidemment que non ! Ce sont les sucres cachés, ceux qui pullulent dans les produits transformés.

Tous les produits industriels, même salés, contiennent du sucre. L’objectif ? le sucre et, en particulier, les sirops de fructose ou du mix glucose/fructose, sont des agents de texture et des correcteurs d’acidité. Pratiques, pas chers, ils sont présents dans de nombreux plats préparés, gâteaux, sauces, sodas, friandises, etc.

► Pratiquez une activité physique quotidienne. Etre actif permet de garder son poids de forme, d’avoir un meilleur sommeil, de préserver son système cardiovasculaire et de lutter contre les facteurs de dépression.

► Enfin soyez attentif à votre sommeil. Une bonne nuit permet à son organisme de récupérer, de digérer, de fortifier son système immunitaire, etc.

Les aliments détox, info ou intox ?

Radis noir, fenouil, artichaut, jus de citron…

L’aliment détox serait par définition un aliment qui met en marche le métabolisme de détoxification. Or ce mécanisme est continuellement en marche. D’ailleurs pour être précis, ce procédé s’appelle la “biotransformation”.

Le radis noir, le fenouil et l’artichaut sont largement utilisés en phytothérapie, ils stimuleraient le foie.

Concernant le jus de citron, absolument aucune preuve scientifique ne démontre son bénéfice pour le foie. Pourtant l’idée est acquise, comme l’association “fer et épinards”. Faites toutefois attention, ce n’est pas parce que votre collègue carbure au jus de citron, froid ou chaud, toute la journée que vous, vous le tolérerez bien. En plus son acidité peut attaquer l’émail dentaire.

Si vous avez des habitudes alimentaires plutôt équilibrées et une hygiène de vie raisonnable, prêtez plutôt attention aux signaux que vous envoie votre organisme : satiété, écœurement, faim, etc.

Comment l’organisme réalise sa détox ?

Le foie est l’usine de métabolisation de l’alcool, des médicaments et autres drogues, ainsi que des polluants. Autrement dit, tous ces xénobiotiques sont transformés par le foie.

Etape 1 : l’absorption

Le xénobiotique pénètre dans l’organisme via trois voies possibles : l’ingestion, la respiration ou la peau. Pour les étapes suivantes, nous nous focaliserons sur la voie par ingestion.

Etape 2 : la biotransformation

Le xénobiotique est distribué dans l’organisme, via le système sanguin. Il pénètre dans le foie par la veine porte. Le foie est le premier organe de biotransformation. Les cellules du foie, nommées hépatocytes, vont produire différentes enzymes afin de casser / transformer  le xénobiotique pour faciliter son élimination de l’organisme.

Le mécanisme de biotransformation intervient en deux phases.

► Phase 1

Les enzymes de la phase 1 : Cytochromes P450, reductases, esterases, amidades, epoxide hydrolase, peuvent produire 5 types de réaction  :

  • oxydation,
  • réduction,
  • hydrolyse,
  • hydratation,
  • déhalogénation.

► Phase 2

La phase 2 fait appel à d’autres enzymes : UDP-glucuronosyl transférase, N-acetyltransférase, sulphotransférases, glutathione S-transférase, N-acyltransférase, methyltransférases, qui peuvent entraîner 6 types de réactions :

  • glucuronidation ou glucurono-conjugaison,
  • acétylation,
  • sulfatation,
  • conjugaison au glutathion,
  • conjugaison aminoacide,
  • méthylation.

La biotransformation n’est pas encore synonyme de détoxification. En effet lors de la transformation du composé primaire en métabolites, ces derniers peuvent être effectivement moins toxiques (= détoxification) ou alors plus toxiques, on parle de bioactivation. La bioactivation a souvent lieu après la phase 1 et plus rarement après la phase 2.

L’un des exemples les mieux documentés est le paracétamol. Analgésique largement utilisé, il peut provoquer une toxicité aiguë pour le foie. Toute dépend de la dose, de la fréquence d’administration et de la personne.  En effet d’un individu à l’autre, les mécanismes de biotransformation vont varier, selon divers facteurs :

► de l’âge : les enfants n’ont pas encore un mécanisme de biotransformation pleinement efficace (immaturité)

► du sexe : les femmes, à cause des hormones : œstrogène et progestérone, ont un métabolisme plus lent que les hommes

► de l’origine ethnique : la famille d’enzymes de la phase 1, les cytochromes P450, sont absentes chez 10% des caucasiens contre 1% pour les non-caucasiens.

► du régime alimentaire

► de la condition clinique (foie préalablement endommagé)

► de la dose

► etc.

Etape 3 : l’excrétion

Lorsque le xénobiotique est ingéré, la principale voie d’élimination est les selles.

Les deux autres voies d’élimination sont par les urines et par l’expiration.

Source : cet article a été réalisé à partir des cours de toxicologie suivi dans le cadre du Master – Méthodes de Recherche en Santé, Environnement, Toxicologie et Ecotoxicologie, à l’université Joseph Fourier de Grenoble, 2012.

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